Une MB Race Ultra 2018 de tous les records !

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Lors des deux dernières éditions de la MB Race Ultra la pluie et le mauvais temps avaient rendus « La course la plus difficile du monde » encore un peu plus compliquée pour tous les participants. Cette année le soleil était au rendez-vous et au départ tout le monde parlait de « l’année pour faire le 140 ! ». Du coup les records sont tombés : l’épreuve affichait complet depuis quelques semaines déjà avec environ 1200 inscrits ; Urs Huber l’emporte en 8h44:00, le meilleur temps depuis la création de la course ; 266 concurrents ont atteint le graal en devenant finisher du 140km ; Et pour ma part j’ai également réalisé mon meilleur chrono jusque-là en 11h20:09 pour le 140. Retour sur un beau et long week-end de VTT 😉

 

Récit de course :

 

La MB Race Ultra en bref :

La MB Race Ultra est devenu un incontournable dans le calendrier du VTT français, et depuis deux ans elle attire toujours plus de pilotes étrangers grâce au label UCI Marathon Series et au trophé Alpin Cup. Cette année le confirme avec de nouveau des pilotes de renom qui ont fait le déplacement, dont le professionnel du team Bulls, tenant du titre et double vainqueur après cette année, Urs Huber.

En dehors des pro et semi-pro, d’une façon générale on sent que les participants sont de plus en plus préparés lorsqu’ils arrivent sur la MB Race Ultra : la réputation de l’épreuve est bien ancrée maintenant, sa difficulté connue à travers les expériences des années passées, et nombreux sont les concurrents à y revenir pour une nouvelle tentative après avoir dû s’arrêter aux 70 ou 100km. Ils connaissent leurs forces, leurs faiblesses, et les pièges de la MB Race !

Profil parcours - MB Race Ultra 2018

Profil parcours – MB Race Ultra 2018

Pour le reste, la recette reste la même : un départ commun à 6h00 du matin, de Megève cette année, avec possibilité de s’arrêter après 70km à Megève, 100km à Combloux, ou d’aller au bout du 140km pour revenir à Megève, point de départ. Il y a bien sûr quelques difficultés en cours de route : passer toutes les barrières horaires, dont une ajoutée cette année après environ 40km à Praz-sur-Arly, être suffisamment en forme pour que les jambes tiennent la distance, et surtout être blindé mentalement pour ne rien lâcher sur 13, 14, voir 15h pour arriver au bout alors que le soleil se couche !

Vue sur le Mont Blanc - MB Race Ultra 2018

Vue sur le Mont Blanc – MB Race Ultra 2018

Le parcours était similaire à celui de 2016, et même s’il varie légèrement en alternant entre Megève et Combloux tous les deux ans, les ingrédients eux ne changent pas : beaucoup de D+, des pentes très raides, des pistes qui n’en finissent plus pour escalader chacun des sommets, avant de plonger dans des descentes sur pistes rapides ou en sous-bois dans les racines. Et de recommencer. Plusieurs fois dans la journée. Jusqu’à atteindre les fameux 140km et 7000m de D+. Copieux comme menu !

En parallèle de la MB Race Ultra, d’autres épreuves sont organisées pour que chacun trouve ce qui lui convient : MB Classic 20/30/50km, MB Enduro, MB fauteuil tout terrain, courses enfants, etc…

Et un dernier élément à ne pas oublier : le paysage de rêve dans lequel se déroule la course, surtout lorsque le ciel est dégagé comme c’était le cas ce week-end ! Le lever du soleil sur le Mont-Blanc lors de la première ascension à 6h00, ça reste un moment magique où il faut savoir relever la tête de son cintre 🙂

 

Vendredi 6 juillet : préparation de la course, rencontres et briefing

Rituel de veille de course habituel : finir de préparer les ravitaillements, regrouper l’équipement obligatoire pour ne rien oublier, peaufiner quelques bricoles sur le vélo, etc…

Une fois sur place à 15h00, le retrait du dossard se fait très rapidement et j’en profite pour aller voir les commissaires UCI et leur demander le macaron qui me permettra d’accéder au SAS UCI Elite le lendemain. Bizarrement mes points UCI Marathon Series ne semblaient pas avoir été pris en compte à l’inscription puisque je me suis retrouvé avec un « gros » numéro de dossard, 1140.

Rapide tour sur le salon et j’en profite pour aller sur le stand d’assistance Shimano : en reprenant le vélo la veille je me suis rendu compte que le touché du frein arrière n’était plus très bon, un peu mou. En 15 minutes la purge du frein est faite, le touché est de nouveau bon, et le vélo cette fois 100% prêt pour la course.

Je croise aussi quelques lecteurs du blog, et forcement on en profite pour parler de la course du lendemain et des objectifs de chacun. Toujours très sympa de croiser du monde sur les courses ! 🙂 A 18h00 j’assiste au briefing et pars un peu avant la fin quand l’essentiel était dit et que ça devenait un peu longuet. D’une façon générale toutes les infos se trouvent dans le règlement de la course ou sur la page de l’épreuve.

Simple manquement de la journée, j’ai zappé le déblocage de veille de course le matin avant de prendre la route puisqu’il pleuvait comme il faut ! Ce n’était pas le moment de choper froid, et sur une course aussi longue, sans intensités hautes, l’intérêt est discutable (en tout cas d’après mon expérience).

 

 

Samedi 7 juillet : prêt pour une petite virée autour du Mont Blanc ?

Réveil programmé à 4h00 pour un départ à 6h00, histoire d’avoir le temps de manger et de digérer avant de monter sur le vélo. Rien d’innovant, je garde la recette qui marche pour moi : gâteau de l’effort selon JP. Stefan et boisson d’attente A. Roche.

Direction le départ vers 5h20/30 et je tourne tranquillement les jambes jusque 5h45 en attendant de rejoindre le SAS UCI. N’ayant pas prévu de partir à fond, l’échauffement a peu d’importance sur cette course 😉 Arrivé sur la place de départ, c’est un peu le b****l pour accéder au SAS UCI. Un commissaire FFC laisse entrer selon sa liste de noms, mais ça bouchonne avec tous les concurrents qui veulent accéder aux SAS derrière et n’arrivent plus à avancer. Finalement on doit passer par-dessus les barrières pour accéder au SAS UCI avec l’heure qui avance et les commissaires ne sont clairement plus en mesure de vérifier quoi que ce soit. Un peu léger comme mise en grille pour une course UCI, mais c’est un des rares couacs que j’ai relevé niveau organisation.

A 6h00 le départ est donné avec en fond sonore les traditionnelles notes de « Requiem for a dream », histoire que personne ne puisse encore douter qu’il va en ch*er 🙂 . C’est habituel aussi, mais certains partent au taquet, prêt à boucler la course en 2h00 apparemment ?! De mon côté je prends mon rythme de croisière et roule plutôt en zone Tempo sur tout ce début de course jusqu’à la première descente vers Cordon. Dès que la pente se redresse un peu ça calme de toute façon les ardeurs de beaucoup et tout le monde trouve sa place. Je croise de nouveau quelques lecteurs du blog, dont Ludovic, et c’est l’occasion d’échanger 2/3 mots avant que chacun continue à son rythme. Une fois au sommet de la première bosse on aborde l’habituelle descente vers Cordon : elle est encore un peu grasse avec les pluies de la veille, mais rien à voir avec les deux années précédentes ! C’est la confirmation que le parcours sera bien plus roulant cette année, et avec la météo annoncée pour la journée on avoir droit à des conditions idéales ! Les jambes répondent bien, moral au beau fixe, je traverse Cordon et son point de ravitaillement après 35 minutes de course.

Après Cordon, un autre classique du 70km arrive : la montée vers le col du Jaillet à 1720m d’altitude. On retrouve jusqu’au bout le chemin emprunté lors de toutes les précédentes éditions sauf celle de l’an dernier. A savoir toute une première partie sur piste en sous-bois plutôt roulante avec juste quelques portions plus raides, puis une courte traversée d’alpage avant de rejoindre le portage évité en 2017. Lorsque j’arrive sur la zone de portage ma position dans les 100 premiers fait que le passage est encore fluide, mais ce ne sera à priori plus le cas par la suite avec à nouveau la formation d’un bouchon à cet endroit. Pas de secret pour ce portage étroit et raide, à moins de le contourner comme en 2017 il est impossible d’y faire passer plus de 1000 personnes sans que ça bouchonne. Court replat après le portage, rapide coup d’œil autour pour profiter de la vue sur le Mont-Blanc, et je passe le checkpoint en haut du col en 1h40.

Pas le temps de flâner, direction la descente vers La Giettaz, toujours un classique du 70km qu’on retrouve chaque année. Avec un terrain juste légèrement humide par endroit, l’exercice est tout de même beaucoup moins périlleux que lors des 2 dernières années avec la boue et les racines mouillées. Sans être extrêmement technique cette descente demande quand même de rester vigilant pour passer sans encombre toutes les racines, pierres, et marches naturelles : ce n’est pas dangereux, c’est relativement accessible tout en exigeant un peu de pilotage, bref c’est une descente plaisante selon moi.

Arrivé en bas j’ai toujours de quoi boire et manger donc je passe le ravitaillement de La Giettaz sans m’y arrêter. J’en suis à 30km en 2h10 et la boucle continue en longeant cette fois l’Arrondine avant de devoir gravir une simple bosse de 250m. Une paille sur cette course ! Le single descendant qui suit permet de rejoindre Praz-sur-Arly avec un nouveau ravitaillement après 46km et 3h15 de course où j’en profite pour refaire le plein de ma gourde en vue d’aller au bout du 70km.

Pas le temps de refroidir, un nouveau gros morceau arrive avec la montée vers le Mont de Vorès, point culminant de la course à 2050m. A ce moment de la course tout continue d’aller pour le mieux de mon côté : les sensations sont bonnes, les jambes répondent bien, aucune douleur, alors j’en profite pour monter à un bon rythme. Au deux-tiers de l’ascension je passe le ravitaillement du refuge de Petit Tetraz sans m’y arrêter et environ 1h20 après avoir quitté Praz-sur-Arly je suis enfin au sommet du Mont de Vorès ! Pas mécontent, mais encore un peu tôt pour totalement se relâcher puisqu’il faut maintenant alterner 7km de montées/descentes sur les crêtes avant de profiter des 5km de descente vers Megève et d’en finir avec le premier tronçon de 70km. La descente alterne pistes rapides et quelques passages en single, puis on traverse le centre de Megève, et c’est ici que Sylvain m’attend pour me ravitailler. Je fais le plein, repars, et aucune hésitation possible au moment de passer la bifurcation : direction le 100km ! Pour situer le contexte j’ai bouclé ces 70km (73km au compteur) en 5h20.

Au niveau du tracé, les 30km qui composent la boucle sont identiques à l’année dernière. C’est à mon sens la boucle la plus simple de la course : les montées sont plutôt régulières et surtout elles sont plus courtes que celles qu’on vient de faire sur le 70 ou celles qui nous attendent sur le 140. Je passe la première montée de 300m pour rejoindre le plateau de la Croix avec un long replat de 8km : chose assez rare sur la MB Race pour en profiter pleinement afin de bien boire/manger, et essayer de se décontracter au maximum. Les 5km et 400m de D+ qui suivent me permettent de rejoindre le sommet du Mont Joux à 1958m avec 91km et 6h45 au compteur. Le feeling sur le vélo est toujours bon, bien sûr la difficulté est présente, mais j’ai la sensation de bien maîtriser ma couse.

Malheureusement, ça ne dure pas… La descente à peine entamée, après une centaine de mètres sur piste, ma roue avant ricoche sur une pierre que je n’avais pas vu, avec la vitesse le VTT commence à guidonner et très rapidement la roue avant finie par se mettre en travers et je fais un soleil par-dessus le cintre. Un peu sonné, je me relève et fais un rapide check-up : le souffle est un peu court mais je n’ai pas de grosse douleur, rien à la tête, pas de trace de sang si ce n’est une légère coupure au genou, je m’en sors bien vu la chute. Le relevé GPS sur Strava me donnait une vitesse d’un peu plus de 40km/h à ce moment. Entre temps un bénévole du poste tout juste passé me rejoint pour m’aider et vérifier que tout est OK. Je récupère mes lunettes d’un côté, le vélo de l’autre, et cette fois je contrôle le matériel : le pneu avant est déjanté, le reste semble être OK. Quelques pilotes que je connais passent, me demandent si j’ai ce qu’il faut et je leur réponds de continuer, que j’ai de quoi repartir. Je détache ma cartouche de CO2 et la met dans le pneu pour le faire reclaquer et pouvoir continuer. Mais là, c’était trop simple : j’entends que l’air s’échappe et pas qu’un peu… Diagnostic, le cercle carbone s’est fissuré dans ma chute, il n’est plus étanche, et en plus le flanc du pneu a un petit trou typique d’un pincement avec la jante… OK, on reste calme : j’ai une chambre à air, une pompe, et même si le cercle n’est plus étanche pour rouler en tubeless il a quand même l’air de vouloir encore tenir le coup et la roue n’a presque pas de voile ni de saut. Au moment de prendre la pompe, la loi de Murphy continue de plus belle : elle n’a pas résisté au choc et ne fonctionne plus. Je n’avais pris qu’une cartouche de CO2 que j’ai grillé juste avant. Et le bénévole me répond qu’ils ont de quoi soigner mais pas de matériel pour réparer au niveau de leur poste. Cette fois, ça se complique vraiment ! Je demande aux concurrents qui descendent s’ils ont une cartouche ou une pompe, mais bien entendu personne ne semble m’entendre… c’est un peu le problème d’être « bien placé » sur une course… quand t’es à côté de ton vélo personne ne veut s’approcher de ta poisse, surement par crainte que ce soit contagieux… et ça fait toujours une place de gagnée… Après une dizaine de concurrents « sourds », l’un d’eux fini par s’arrêter : il est au bout du rouleau, compte s’arrêter à l’arrivée du 100km et me laisse sa cartouche de CO2 ! Un bon « ouf » de soulagement, un grand merci à lui, et maintenant il s’agit de ne pas se foirer avec cette unique cartouche. Je vérifie que la chambre à air est bien en place, je percute la cartouche, le pneu se gonfle… pas de fuite ! Alléluia, je vais pouvoir repartir ! Je ramasse mon atelier ambulant, salue le bénévole resté avec moi même s’il ne pouvait pas grand-chose à mon cas, et je reprends ma route après avoir perdu 20 minutes. Entre temps quelques douleurs se sont réveillées après la chute. Je descends avec de la réserve le temps de me remettre dans ma course. Sans compter que le cercle est quand même fissuré et que je dois faire en sorte de le ménager : j’ai toujours en tête de boucler le 140km, il lui reste 50km à tenir ! Accessoirement je dois aussi penser à aller chercher loin devant mon levier de frein arrière dont le réglage de la garde s’est cassé lors de la chute…

Arrivé en bas de la descente au ravitaillement de l’Avenaz, il ne reste plus que 2 courtes bosses et des descentes pour rejoindre Combloux et en finir avec cette boucle des 100km qui m’aura plus fait souffrir que prévu finalement. La suite de la descente se fait toujours en essayant de limiter au maximum les chocs sur la roue avant, avec là encore une alternance de pistes rapides et de single en sous-bois bien garnis en racines. Une fois en bas le parcours nous emmène au lac biotope de Combloux pour ce nouveau choix : en finir là à 100km ou partir pour 40km de plus sur le 140 ! Sylvain me ravitaille à nouveau, et malgré mon incident de parcours je n’ai aucune hésitation : j’ai mal aux jambes, comme tout le monde, mais je n’ai connu aucune défaillance physique, dans la tête l’envie de continuer est là, le matériel semble aussi vouloir tenir, alors c’est parti. Direction le 140km ! J’en suis à ce moment là à 100km (106km au compteur), 8h10 de course, une jante fissurée et un levier de frein qui se fait la malle, mais… « Oublie que t’as aucune chance, vas-y fonce ! On sait jamais, sur un malentendu ça peut marcher ! » 😀

Parti pour les 40 derniers kilomètres, il reste encore un bon bout de D+ à gravir avec la montée à la Tête de Torraz en 2 temps, puis au Plan de l’Aar. A ce moment-là de la cours tout le monde a mal partout, alors c’est principalement dans la tête que ça se joue. Personnellement je ne réfléchi plus trop en avance à ce qui vient dans quelques kilomètres, la distance semble défiler bien trop lentement pour ne pas se démoraliser. Je me concentre uniquement sur les difficultés immédiates, en me fixant bosse après bosse l’objectif de rester sur le VTT ! Et petit à petit, raidar après raidar, le sommet arrive. En l’occurrence après 8km et 600m de D+ je suis en haut de la première bosse, en-dessous du Col du Jaillet, et très heureux de trouver une courte descente pour souffler 5 minutes. La contrepartie, c’est que tout ces mètres descendus doivent être remontés dans la bosse suivante pour atteindre la Tête de Torraz à 1930m ! A nouveau 400m de D+ sur 10km à gravir : sur le papier le ratio semble faible, plutôt accessible; dans la réalité il y surtout 4km de faux plat montant au milieu avec plusieurs taquets bien raides à passer. Même si je suis bien entamé, je continue à reprendre petit à petit du terrain sur les concurrents devant moi. Ca suffit à me motiver et à me dire que finalement j’avance encore.

A la bascule en haut de la Tête de Torraz 400m de D- pour récupérer du mieux possible, principalement sur piste. Et plus qu’une idée en tête : il reste une bosse, 250m de D+ à serrer les dents pour remonter au Plan de l’Aar, avant de plonger vers Praz-sur-Arly. En bas de cette descente je m’arrête rapidement au ravitaillement de Bonne Fontaine (ça ne s’invente pas…) pour remplir ma gourde juste ce qu’il faut pour être tranquille sur ces 15 derniers kilomètres. Et c’est reparti. Entre douleur et joie de toucher au but. Une sensation difficile à retranscrire mais que tous ceux qui ont déjà rempli ce genre d’objectif connaissent 😉 La dernière montée se passe sans encombre, même si j’avoue ne plus en avoir beaucoup de souvenir. J’avais sans doute un peu trop les yeux rivés au sol pour ne pas regarder le reste à gravir. Toujours est-il qu’après environ 20 minutes je suis en haut, au Plan de l’Aar, à 1730m ! La course n’est pas finie mais il faut aussi savourer les succès intermédiaires pour rester motivé pendant plus de 10 heures ! Une autre astuce pour garder sa motivation 😉

Finisher du 140 ! - MB Race Ultra 2018

Finisher du 140 ! – MB Race Ultra 2018

Dernière descente avec 700m de D- pour rejoindre de nouveau Praz-sur-Arly mais cette fois-ci par l’autre versant. La première moitié de la descente se fait sur un single en sous-bois, toujours du même type avec racines, pierres et marches naturelles, et la deuxième moitié plutôt sur piste ou sur route de desserte : le schéma classique dans le D- finalement sur la MB Race. Après 20 minutes de descente je suis en bas, le long de la départementale qui relie Praz-sur-Arly, Megève, et Combloux. Je passe bien entendu le ravitaillement, plus aucune raison de m’arrêter maintenant. Il reste environ 6km pour rejoindre Megève, tout sur le bitume en faux plat montant. En temps normal c’est une broutille, mais après 11h00 de course c’est interminable… Derrière moi je vois un concurrent à une trentaine de secondes, je donne tout ce qu’il me reste pour ne pas me faire rattraper aussi prêt du but.

Après ces 20 dernières minutes d’effort je passe enfin la ligne d’arrivée ! Au compteur 146.7km, 6330m de D+, 11h20:09 de temps de course : en somme une journée bien remplie sur le vélo 🙂 Au niveau du résultat je me classe 41/266 au scratch du 140km, 16/106 en Master1, et finalement 35ème au classement UCI Marathon Series ce qui m’offre 6 points comme l’année dernière. Vraiment très content du résultat final et de ma course sans vrai coup dur physiquement. Je regrette juste cette chute sur une section à priori sans danger, les difficultés qui ont suivi pour réparer, et qui m’empêchent de passer sous la barre des 11h00. Mais en toute franchise, si on m’avait annoncé ce résultat le matin avant de partir, j’aurai signé 😉 Alors premier gros objectif de la saison validé !

 

Dimanche 8 juillet : rien !

C’est très, très simple : récupération ! Laisser-aller complet sur le repas du midi, « Cheat Meal » en règle. Pas de vélo, je n’aime plus le vélo 😀 On va laisser quelques jours passer, il y a un temps de digestion après la MB Race 😉

 

Classement et temps de passage MB Race Ultra 2018 :

Tous les classements sont disponibles sur Live Trail : ici…

  • Scratch Hommes 140km : 41/266 classés
  • Catégorie d’âge « Master 1 » 140km : 16/106 classés
  • Environ 1200 inscrits au départ de Megève
Points de passageCourse
TempsPosition
Megève (départ)00:00:00
Col du Jaillet01:39:1453
Praz-sur-Arly03:14:0353
Mont Vorès04:23:5339
Megève 70km05:19:1041
Plateau de la Croix06:09:3439
Avenaz Mont d’Arbois07:12:5849
Combloux 100km08:09:3853
Sous Col du Jaillet09:35:0044
Bonne Fontaine10:17:2542
Praz-sur-Arly10:59:5241
Megève 140km (arrivée)11:20:0941

 

 

Equipement vestimentaire :

Après deux éditions avec des conditions météo franchement humides et fraiches, le beau temps était enfin de la partie cette année ! Une météo vraiment parfaite pour la pratique du VTT avec du soleil, de la chaleur mais pas en excès, et un sol globalement sec malgré les averses des jours précédents. Equipement léger donc cette fois-ci, sans prendre particulièrement de précaution puisque le soleil était annoncé au beau fixe : pas de coupe-vent, ni manchettes ou autres accessoires utiles en cas de météo plus incertaine en montagne. Mes choix sont détaillés ci-dessous si ça peut servir de guide.

Conditions  météorologiques :

  • 6h00 au départ de Megève : 9°C
  • Mini : 7°C (descente vers Cordon, vers 8h00)
  • Moyenne : 18°C
  • Maxi : 31°C (Combloux, vers 14h20)
  • 17h20 à l’arrivée de Megève : 21°C
  • Ciel bien dégagé tout au long de la course, température déjà agréable le matin dès le départ et se réchauffant rapidement dès le lever du soleil, sensation de chaleur bien présente au plus chaud de la journée sur les nombreuses parties non abritées du parcours

Equipement :

  • Cuissard court Assos T.Cento_S7 : pas d’improvisation ici, portez uniquement un cuissard que vous avez déjà employé lors de longues sorties
  • Maillot court
  • Sous-couche légère Craft
  • Chaussures Sidi Drako : comme pour le cuissard, utilisez uniquement des chaussures déjà éprouvées. J’ajoute une bande anti-ampoule au talon pour éviter les frottements lors des portages.

 

Matériel VTT :

Comme la saison passée le Scott Spark 900 RC World Cup reste mon compagnon de route. Vu les conditions dantesques de l’année dernière je n’avais pas vraiment pu profiter des avantages du tout-suspendu en descente tant le terrain était glissant et demandait de garder de la réserve. Cette année le terrain sec a permis de prendre beaucoup plus de plaisir sur le vélo, et de mon point de vue je confirme que sur une telle distance le confort du tout-suspendu est très appréciable. Même s’il y a en gros 1kg de plus à emmener par rapport à un semi-rigide, je n’ai pas spécialement eu l’impression d’être pénalisé par le tout-suspendu : avec un montage à 10,5kg environ sur ce Spark on reste sur une masse correcte. La perte de temps en montée est à mon avis largement compensée par le gain en confort et l’énergie économisée en descente. Et sur une course aussi longue, tout ce qui peut permettre de préserver ses forces et sa lucidité est bon à prendre 😉

Pour la configuration :

  • Pneu avant : Maxxis Ikon Tubeless Ready 3C Exo Protection 29 x 2,20
  • Pneu arrière : Maxxis Aspen Tubeless Ready Exo Protection 29 x 2,25, la paire testée lors de l’Alps Bike Festival Marathon et dont le comportement m’avait bien plu.
  • Développement : plateau oval Absolute Black 34 dents devant et casette Eagle 10-50 derrière. J’hésitais à monter un 32 dents devant vu que le 34 avait été un peu dur à emmener sur la fin l’an dernier, mais finalement sur un sol sec on économise aussi par mal d’énergie et le 34 a bien convenu. A adapter à votre niveau bien entendu.
  • Tige de selle télescopique : loin d’être obligatoire sur cette course, mais ça apporte quand même un plus appréciable sur la durée en facilitant les mouvements autour du VTT en descente. En tout cas pour moi c’est un accessoire dont je ne me passe plus.

 

Nutrition :

J’avais fait quelques essais à l’entrainement puis en course avec la crème de marron : la texture permet de l’utiliser en guise de gel, ça se trouve facilement dans le commerce pour un prix très correct, et le goût semble toujours moins « chimique » que pas mal de gels. Ça a été mon carburant pour toute la course sans aucun problème de dégoût du sucré, ni trouble de digestion, ni baisse d’énergie.

Pour le reste je n’ai pas changé les recettes employées par rapport à l’an dernier :

  • Petit déjeuner : gâteau de l’effort version J-P Stefan et boisson d’attente version A Roche
  • Boisson anti-oxydante (A Roche)
  • Crème de marron : l’astuce pour l’utiliser facilement en course est de récupérer des gourdes de compote à boire, les nettoyer, et les remplir de crème de marron avec une poche à douille par exemple. Ça existe aussi en format « tube » et même directement en gourde, mais le prix au kilo est plus élevé et on ne trouve pas ces formats partout au contraire du format conserve.
  • De la boisson Punch Power aux ravitaillements officiels quand ma gourde était vide en attendant d’en récupérer une au passage du 70 et 100km avec la boisson anti-oxydante ci-dessus

 

Conclusion :

Je pense avoir été vraiment dans le détail pour ce compte-rendu, il est proportionnel en longueur à la durée de la course 😀 Si vous avez envie de relever le défi de la MB Race l’an prochain et que cet article vous aide à mieux vous préparer, alors tant mieux. C’est aussi le but de ce blog si je peux partager mes expériences et vous donner envie.

Si vous avez aussi pris le départ de la MB Race n’hésitez pas à partager votre course dans les commentaires. J’ai ma vision et mon avis, selon mon niveau, mais il est toujours intéressant de lire d’autres expériences 😉

Pour ma part le premier gros objectif de la saison vient être rempli en finissant cette MB Race pour la troisième fois (2016, 2017, 2018), avec un beau résultat à la clef. Contrairement à l’année dernière pas de réelle coupure après la course car la TransMaurienne arrive très vite à la fin du mois. La clef pour la suite de la saison va être la récupération et la fraicheur mentale et physique du coup. J’espère faire en sorte de rester en forme au moins jusqu’au Grand Raid BCVS mi-aôut, un autre objectif habituel pour moi.

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Loïc

Je pratique le VTT Cross Country avec une préférence pour le format Marathon - XCM. Sur VTT XC Blog j’aborde notamment les sujets suivants : récits de courses, réflexions sur l’entrainement en cyclisme, pistes pour améliorer sa pratique, nutrition, tests de matériel et tutoriels.

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7 réponses

  1. Marc dit :

    Salut Loïc,
    Merci pour cette belle description de la MB Race pleine de détail. On s’y croirait mais sans la douleur aux jambes 🙂 !!! J’ai toujours plaisir à lire tes articles. J’ai de mon côté fait que deux courses finalement cette année, la course des renards et l’Open bike en Gruyère car j’ai fait un voyage au USA cet été donc j’ai pas beaucoup été par ici. J’ai hâte de voir ton compte rendu du Grand Raid 2018 et déjà un grand bravo pour tes résultats de cette année. Tu continue sur le Spark ou tu va changer de vélo pour la saison prochaine 🙂 ?

  2. FOUCAUT dit :

    merci pour ton CR très intéressant! …alors voici le mien! pour ma 2ème tentative…

    MB Race Acte 2
    Janvier.
    Ne pas rester sur un échec, se remotiver pour 6 mois de préparation et emmener quelques fous (Ben et Yoan) dans cette aventure. Peaufiner chaque détail, bye bye gras chéri et bière adorée, ma nouvelle devise: « les fruits c’est la vie! », quelques heures de selles et placer les recup judicieusement…le repos sera la survie !!
    Juillet.
    Cette année, soucis du détail oblige, l’hôtel est à 30 secondes du départ…en descente… le grand luxe. Normal on est à Megève.
    Dernière soirée. Petit repas entre potes. Dernières tentations auquel il faut résister. foutu pizza mexicaine. Digestion. Dodo. Enfin il faudrait. Fermer l’oeil. Se reposer. Arrêter de penser. Lit trop petit, trop étroit…
    4h25 debout, prêt, déterminé, ciel bleu. 4h30 le réveil sonne!
    Petit Dej’ avec les copains, un gatosport bien secos de la veille. Ils ont l’air bon les pains chocos ou le jambon de montagne du buffet…
    5h40. Sur la ligne, dossard 158, 2ème sas. 1250 Vttistes tendus mais heureux, échanges de quelques mots avec Thomas, prof au lycée de Cosne/loire (!). Petite musique qui fout des frissons. On y est.
    Premières rampes sur la route, histoire d’étirer tout ce petit monde. Lever de soleil sur la chaine du Mont Blanc, un chouilla plus agréable que le froid et le brouillard de l’an dernier! Il faut savourer ces moments, apprécier le monotrace au milieu des rhododendrons, contempler la vallée 1000m plus bas…et gérer, toujours doser le coup de pédale, surveiller le cardio: au delà de 160 relâcher l’effort.
    1er sommet. 1ère descente. Technique. Aucune prise de risque inutile, des avions de chasse passent…ne pas s’affoler et rester concentré.
    2ème ascension, 3h d’effort et les crampes. Déjà. Beaucoup trop tôt. Inquiétant. Foutu coline de Sancerre et ses 320m d’altitude. Pourtant les jambes sont au rendez vous, je le sens. Ascension interminable…trois fois nous avons cru être arrivé au sommet….5h…les jambes tirent un peu…et c’est la descente vers Megève. Stopper?? Hors de question…140???…je le sens pas. On va y aller étape par étape.
    Megève. 70km et 3500m de dénivelé. La Pause. Sophie me propose de l’ Arnica pour stopper les crampes. Merci Sophie!! L’homéopathie, de l’eau et du sucre? les crampes m’oublieront pour le reste de la course.
    Tout semble être ok pour les potes, qu’ils en profitent…sans me maudire de les avoir entrainer dans cet effort hors norme.
    C’est reparti pour 30km et 2000d+, la pente est raide, le chemin est long, le soleil tape fort. Mais le bonheur est LA. Je suis bien et n’échangerais ma place avec personne. L’effort, la montagne, l’envie de réussir un truc fou, la famille et les amis qui pensent à moi ( comment échouer?).
    Beaucoup commencent à marcher. Il faut garder un rythme…petit rythme certes, mais avancer, s’alimenter, boire.
    Mont Joux, 2000m: fraicheur salutaire. Descente rapide. Filer vers la bifurc’ de Combloux. 140? la tête dit encore. Les jambes STOP! Remontée sur bitume…même la tête dit stop!
    99ème km, une branche viens se coincer dans le dérailleur qui viens dangereusement toucher les rayons. Il faut redresser en tenant fermement la pâte sous peine qu’elle lâche…ça arrive parfois 😉 !
    Moment intense, ma grande m’encourage, cours à coté « tu fait quoi? t’arrêtes? » petite halte avant le panneau 100 ( = arrivée, stop, bonnes bières, visiter Megève, profiter des copains, rentrer tôt chez beau papa) ou 140…et à nouveau 4h d’effort…au mieux!
    Une lecture m’avait marqué: dans ces cas là, ne pas cogiter, juste y aller, vivre chaque instant les uns après les autres…alors oublie que t’as aucune chance, fonce!
    Couloir du 140, ne surtout pas penser à la suite, se reposer 15’, manger, boire, remettre le dérailleur à la clé anglaise. Echanger quelques infos avec Ben qui a fait le 70 ( bravo Ben!). Soulager le dos. Et Arnica ! merci Sophie!
    Ma grande lave et huile le Scott ( Scott un jour, Scott toujours), me ravitaille, s’occupe de tout, elle sait que je vais y arriver, fait tout pour me mettre dans les meilleurs conditions. Elle veux me voir à l’arrivée…cette pensée va m’obnubiler sur les 2000D+ à encaisser.
    16h, 20 km de montée sur chemins rocailleux, souvent plein cagnard, les jambes tourneront mécaniquement durant 3 longues heures, regard bas, chaque encouragement deviens plus intense, salvateur. Jamais un kilomètre ne m’a paru aussi long. J’en viens à vérifier si le compteur n’est pas en pause. non. Au bout de 11h il se met même en économie de batterie, lui aussi en a marre!
    Avant dernier ravito, plus d’eau. Seul bémol dans une organisation extraordinaire. 300 bénévoles au top. Mais pas d’eau. Même pas envie de râler. Progresser. Rouler. Marcher. Marcher.
    Dernier ravito. Reste 12km dont 3,5 à 10%…1/3 sera réalisé en marchant, plus de jus, rincé. Impossible de rouler dans les grosses pentes. Penser aux entrainements, Cha, Leia, Emmie qui m’attend, les copains.
    Dernière descente annoncée comme dangereuse, baisse de vigilance dans les ornières. Et
    marcher…même en descente!
    Mais une forme de plaisir reviens…celle de savoir que c’est gagné. On se sourit avec l’allemand et l’Angevin qui m’accompagnent dans ces ultimes kilomètres. C’est bon!
    Le dernier kilomètre est savoureux, rare, profiter du moment, se relever et sourire aux gens, on klaxonne mais pour une fois c’est pour mieux me saluer, les gamins checkent au bord de la route, je fait durer…et puis… « Allez Papa! »…les larmes me viennent, je les retiens.
    C’est fini. Je suis bien. Comme rarement. Défi accompli. Alors place au suivant.

    • Loïc dit :

      Super récit Eric ! Merci de le partager ici 😉 Et bien sûr bravo pour ta course, on sent bien le mélange de joie/souffrance/accomplissement qu’on ressent tous avec ce genre de défi qui nous pousse au-delà des limites qu’on pensait avoir. Il ne reste plus qu’à remettre ça pour repousser ces nouvelles limites, c’est la beauté du sport 😀

  3. yann dit :

    Salut Loïc et bravo pour ton blog qui est super.
    Je me prépare actuellement à participer à ma première édition de la MB Race et j’apprends beaucoup de tes retours d’expérience. Cependant, j’ai une petite question encore: tu ne prends jamais de petit sac à dos quand tu participes à des épreuves marathon? (pour mettre ton matériel de réparation, tes ravitos…). J’hésite personnellement à investir dans un USWE que l’équipe Cannondale a utilisé lors de la Cap Epic…. merci pour ton avis…

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